Peut-on espérer meilleure condition, pour un concert d’un artiste, qu’un lendemain d’élection présidentielle catastrophique ? Après les pleurs entendus la veille au soir dans le métro, je me décide à aller voir Ezra Furman ce 9 novembre 2016 au Music Hall of Williamsburg de Brooklyn, NY. Après avoir vu Beach House au Kings Theatre qui est a plus d’une heure de transport du centre de Brooklyn, c’était appréciable d’être dans une salle plus centrale. Bon par contre Kings Theatre, c’est magique (comme le prix de la bière…) .
C’était sur les bons conseils de mon cher cousin Xav m’avertissant du concert prés de chez moi que j’ai écouté Ezra Furman. Je n’avais pas écouté plus que son top 10 Spotify avant le concert. Autant par flemme que par l’impression laissée à l’écoute. Comme à mon habitude, j’écoute aussi les premières parties rapidement. Agréablement surpris ! Au jour J, j’étais finalement plus impatient de voir Zachary Cale qu’Ezra Furman. Tous ses morceaux me donnent envie de louer une bagnole et d’aller tout droit dans le désert la nuit avec un chapeau de cowboy. Mais passons. Sur ma route pour la salle (plus modeste que le Kings Theatre), je me dis que deux choses peuvent arriver dans ce contexte. Soit l’art triomphera en sublimant la situation soit il échouera en s’avouant vaincu par la haine qu’un sacré paquet de personnes a exprimé. Je pense aussi au prix de la bière. La boule au ventre.
Petit aparté sociologique avant le début de la review du show. Ici, les concerts commencent à l’heure en général. Et ça, c’est appréciable. Surtout quand on y va seul et que l’on reste globalement rivé sur son téléphone. Que ce soit les premières parties ou le concert principal, je n’ai pas encore eu d’exception. Le temps d’aller prendre une bière (pas hors de prix) au bar en sous-sol qui offre un écran filmant la scène. Pratique. Tu sirotes ta bière sur un tabouret jusqu’à ce que tu vois le groupe se pointer sur scène. Ayant toujours mal aux dos a force de rester debout trois heures, j’apprécie. Il n’y a pas un temps infinie d’attente entre les groupes. Et oui, le temps de commander une bière et ça repart ! Peut-être un peu frustrant quand on est avec beaucoup de potes et qu’on aurait voulu parler un peu plus. C’est finalement tout a fait logique. Ici on vit à l’optimisation. On ne fait pas le café chez soi mais on le prend sur la route du boulot. On commande plus sa bouffe pour ne pas cuisiner. On prend plus un taxi pour gagner du temps. Aussi, les spectateurs interagissent plus avec le groupe. Bah ouais, t’as pas juste des WOOOHHHH parce que t’as pas compris ce que le mec disait sur scène. Ça donne un peu plus de saveur aux concerts (si ce qui est dit est intéressant of course). Revenons a nos moutons. La salle se remplit. On y va.
Zachary Cale
Zachary Cale balbutie quelques mots timides sur l’élection puis commence par le morceau qui m’a obsédé toute la semaine. Malheureusement mon attrait pour le groupe disparait immédiatement. Manque de charisme et balance dégueulasse. Le lead guitare ressemble a un VRP, un autre a un consultant d’une banque et Zachary Cale a du sécher les balances pour s’enfiler quelques bières parce qu’on entend rien et qu’il mâche la moitié de ses mots. Je m’attendais à être transporté au milieu du désert, j’ai plus l’impression d’être a la fête de la musique de Tourmignies. C’est le lead guitare qui est content, il occupe tout le son avec des solos de deuxième année de cours de guitare. Le reste du concert a la même saveur. Tout mon engouement a disparu. C’était un peu comme un date avec une nana avec qui tu as parlé longtemps sur Tinder avant de la rencontrer, que tu sens que y’a de l’alchimie mais une fois en face, bah ça colle pas du tout. Seule note positive du concert, sa reprise à la fin de Rockin’ in the free world de Neil Young. J’ai eu des frissons. Dommage qu’ils n’aient pas mis la même énergie pour le reste du set… Par contre, je conseil fortement en album studio !
Future Punx
Je vais être rapide parce que c’est marrant mais faut pas non plus déconner hein. C’est du post-wave marrant tout ce qu’il y a de plus classique suffisamment cliché pour finir au JT de Pernaut sur qu’est-ce qu’un hispter aux Amériques des USA. Ils ont une esthétique marrante mais c’est à peu près tout. Je n’ai jamais vraiment aimer les groupes qui sont clairement sarcastique quand ils font de la musique. Ça donne l’impression qu’ils ne sont pas sincères. Hypocrite. On ne gagne pas mon cœur avec un projo qui diffuse des images psychés, désolé, je ne suis pas un homme facile. J’avais aimé ce morceau néanmoins. Peut-être était-ce dû au fait que j’attendais que des artistes réagissent à l’événement majeur de la veille mais je recommanderais ce groupe en live si vous avez pris de la MD, quelques bières, que ça va pas au boulot et que vous voulez danser.
Ezra Furman
La salle se remplit pour le main event. La tension monte. Ezra arrive. Seul. Il commence a parler de l’élection, il est perdu. Sentiment d’apocalypse. Ça me rappelle que j’avais vu des gens pleurer dans le métro la veille au soir. Il veut juste nous dire qu’il faut continuer a s’aimer les uns les autres. Son discours ici.
Il nous laisse quelques instants pour digérer. Le groupe arrive. On notera le saxophoniste et sa coupe au brosse avec un sweat à capuche en dessous d’une veste en jean coupé aux épaules. Il a surement le même styliste que le lead guitare de Zachary Cale.
Et là, c’est la grosse claque. Xav m’avait prévenu pourtant ! Tout est bien. Tout tout tout. Les morceaux studios ne m’avait pas trop trop convaincu. En live, tout est magnifié, plein de haine, d’amour, de regret et d’énergie.
Chaque morceau est entrecoupé par un petit discours d’Ezra Furman sur le fait qu’il est extrêmement triste de toutes ces conneries mais qu’il veut que nous nous amusions et que ce n’est qu’une bataille perdue et pas la fin. Comme ce « I’m fucking ready to fight » (bon ce morceau était très en dessous du reste du set). « Teddy I’m Ready » était incroyable, tellement au dessus du studio qui est déjà vraiment, vraiment bien. Les morceaux plus calmes sont par contre trop musclé (la version studio de Ordinary life est sublime). Ça a manqué un peu de variation. Rien ne gâchant le show néanmoins. Plus d’une heure de concert et il est déjà plus de minuit. Malheureusement trop fatigué pour rester pour le rappel…
Je rentre triste mais avec de l’espoir et un vrai attachement au personnage. Plein d’énergie et prêt à en découdre. Me disant que ce concert aurait été tellement moins bien si la veille, l’issue du vote avait été différent.
Le monde sera peut-être un jour sauvé par des mecs comme lui.
De notre correspondant à New York, Félix Averlant.
Photos : Stephanie Augello
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