Après le concert du mois de juin à Lyon, c’est dans une Salle Pleyel toute rénovée que Benjamin Biolay est venu présenter son nouvel album Palermo Hollywood. Depuis sa réfection , la programmation de la Salle Pleyel n’a plus vocation à n’être qu’une salle destinée au classique mais s’ouvre à la pop au sens large et également à des humoristes. Et c’est donc Benjamin Biolay qui essuie les plâtres et inaugure cette saison de concerts dans cette magnifique salle où nous mettions les pieds pour la première fois.
Comme on est gourmand, on a carrément assisté aux trois représentations (nous sommes fans, vous l’avez compris) et aussi car, encore sous le choc du concert aux Nuits de Fourvières, nous savions que cette série de représentations était la dernière occasion de voir ce show avec l’orchestre à cordes, les invités et une partie des musiciens argentins. Palermo Hollywood, l’album, est un des disques majeurs de l’année 2016. Il apporte une couleur supplémentaire à son univers déjà si riche : un peu de cumbia, de soleil, de world music latino à son spleen si poétique.
La première partie du concert consistait en une interprétation dans l’ordre de l’album, avec comme ouverture le morceau C628 (qu’on retrouve dans l’édition limitée FNAC de Palermo Hollywood) où l’on a pu s’apercevoir immédiatement de la qualité cristalline du son. Sur ce morceau, le chanteur ténor Manuel et la Soprano Magalie Leger mettent la barre très haut, la démonstration vocale de ces deux là est époustouflante. Introduction solennelle à l’album qui se déroule sous nos yeux.
La mise en scène est sobre, les lumières tamisées tantôt bleues tantôt roses collent à l’endroit majestueux. Benjamin se sent plus à l’aise avec son corps et se trémousse sur les sons argentins, tout en restant très élégant. Le groupe sur scène se compose d’une vingtaine de cordes dirigées par Nicolas Guiraud, de musiciens argentins : le batteur, le bandoneon, le charrango et le très expressif Minimo Garay aux percussions. La charmante Sofia Wilhelmi vient chanter et danser sur Palermo Queens, Palermo Soho et surtout sur La noche Ya no existe. On retrouve à la basse le fidèle Nicolas Fiszman et Philippe Almosnino à la guitare, qui retrouve Benjamin quelques années après la tournée Trash Yéyé. Lors de ces concerts exceptionnels, Chiara Mastroianni est venue chanter sur Ressources humaines (et sur d’autres titres lors de la deuxième partie du concert) et Melvil Poupaud a tenu la basse sur la majorité des titres (Philippe, Nicolas et Melvil s’échangeant au gré des morceaux, guitares, basses et ukulélé..).
La transposition de l’album sur scène avec tout ces musiciens est un pari risqué mais le défi a été relevé haut la main. Tous les sentiments que l’on peut avoir à un concert y sont passés : l’émotion avec les choristes, les cordes qui soulignent les moments intenses (ils n’en font jamais trop), Benjamin toujours aussi classe, élégant et en voix. Lui même a conscience de la chance qu’il a de pouvoir jouer son disque à peine sorti dans ces conditions : il l’a souligné pendant une de ses interventions « d’habitude, un artiste joue son album en intégralité soit vingt ans après sa sortie ou post mortem par un autre chanteur ».
Une fois la ballade française finie, on passe à la deuxième partie du concert qui a été un prétexte pour nous ressortir quelques bijoux de son répertoire. Et on peut dire qu’il nous a gâté : après Les cerfs volants où il a profité des cordes présentes sur scène, retour inattendu de Billy Bob a raison en duo avec Chiara, passage obligé de Ton héritage (on ne va pas s’en plaindre) avec une petite touche plus latino avec le bandonéon rendant le morceau encore plus mélancolique (si si…), grande joie de retrouver Une chaise a Tokyo avec Sofia aux chœurs, Négatif au piano (fini le clin d’œil à Gorillaz au milieu du morceau), La ballade du mois de juin avec Chiara (d’ailleurs grosse news en guise d’introduction au morceau, BB a annoncé qu’il y aurait un HOME 2), Le jardin d’hiver (absent le premier soir).
Comme à Lyon en juin dernier, Benjamin a rendu hommage a son ami Hubert Mounier, il n’a pas joué cinq titres comme aux Nuits de Fourvières mais le groupe a interprété une version absolument ahurissante de Succès de larmes (morceau que je connais mal à l’origine) en mode big band à corde, c’était incroyable, véritablement un des moments forts de ces soirées et également Mobilis in Mobile (single plus populaire). Une fin en douceur avec Bien Avant, Novembre toute l’année, La Superbe évidemment, avec toutes ses cordes, effet garantie, en intro du morceau, présentation des musiciens et du staff technique puis arrivent les rappels. La guitare en avant sur Padam nous replonge dans l’ambiance des concerts électriques, un dernier air de Cumbia avec Masterchef (l’autre inédit de l’édition limitée FNAC) avec tout le monde sur scène.
Quelques nuances d’un soir sur l’autre : les deux premiers soirs, le concert s’est fini par une version toute sobre de Confettis (seulement Benjamin au piano et Nicolas à la guitare), version excellente et unique morceau tiré de l’album Vengeance que Benjamin dénigre trop à mon goût lors de ses interviews. Et le bonus du dernier soir a été une version ahurissante de A l’origine, rarement vu une telle intensité sur scène, Benjamin allant jusqu’à se rouler par terre, se casser la voix sur ce morceau. Je pense que tous ceux présents dans la salle ce soir là s’en rappellent encore, un pur moment que la meilleure des captations audio ou vidéo n’arrivera jamais à rendre.
Voilà, nous avons assisté à trois soirées exceptionnelles (quatre avec Fourvières) pour voir un artiste au sommet de son art, dans une configuration unique. Alors que ce que j’aimais chez lui en concert, c’était sa manière de « salir » ses morceaux en live, leur donner une tonalité plus rock, plus brut ; ici il m’a bluffé dans une approche beaucoup plus pure de son œuvre avec des arrangements limpides et ambitieux. Ce mec fait partie des grands, ces concerts étaient intenses et émouvants. Nous avons hâte de voir démarrer la tournée électrique et de voir de quelle manière les morceaux du dernier album vont être joués en configuration plus réduite.
On se donne rendez vous à l’Élysée Montmartre le 20 décembre prochain !
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