Après des concerts dans des salles à taille humaine comme la Cigale de Paris en 2015, le 106 de Rouen et le Splendid de Lille en 2016, ou encore un set dans l’indifférence générale au Main Square d’Arras en 2015, c’est maintenant dans un Zénith de Paris complet que Ghost se produit. Avec une courte tournée européenne ne passant que deux fois en France à Lyon puis à Paris (alors qu’on était sur 5-6 dates les tournées précédentes), le groupe suédois vient donner sa messe noire, pour la première fois dans une grande salle. Un concert à hauteur de l’ambition de Tobias Forge, le leader. Presque 3h de show, réparti sur 2 actes, un light show et une scénographie grandiose et 7000 personnes prête à communier.
Candlemass
Mais avant d’attaquer les presque trois heures de Ghost, Candlemass avait la tâche d’ouvrir le bal. Actifs depuis les années 80, le choix d’embarquer ce groupe sur la tournée était un peu étonnant. le groupe ayant dans l’histoire le statut de vétéran du doom. Alors bien sûr, on pourrait se dire que c’est à Ghost d’ouvrir pour Candlemass, et pas l’inverse. Mais ça serait renier notre plaisir d’avoir la chance d’entendre les deux groupes le même soir. Et cela se justifie un peu avec le tarif élevé de la soirée, avec 50€ de moyenne pour la place, l’Eglise s’en met plein les poches, Ghost ne fait pas défaut à ce principe.
Candlemass arrive en scène avec leur énorme backdrop, frappé de leur logo et d’une tête de mort plantée sur un crucifix. Il est placé très en avant de la scène. On se doute bien que Ghost cache derrière une belle scénographie, qui sera similaire avec celle offert aux spectateurs du Download quelques mois plus tôt.
Bien que le frontman communiquera énormément avec le public déjà bien nombreux, ce dernier restera quelques peu stoïque face au groupe. “On est très honorés d’être ici pour soutenir les fabuleux Ghost” lancera le chanteur.
Côté musique, le son est lourd et puissant. On se prend des grosses basses et ça fait vraiment plaisir. Les solos sont un peu longuets, mais pas étonnant pour un groupe des années 80-90. Le groupe joue un peu de tout et malgré ses 45 minutes, il prendra même le temps de présenter son nouvel album avec « Astorolus – The Great Octopus ».
Candlemass aura présenté sept chansons, le chanteur achève son show sur un énorme cri et demande aux gens de chanter. Un rideau noir tombe et signe la fin du set. Contrairement à toutes les tournées de Ghost auxquelles j’ai eu la chance d’assister, Candlemass aura clairement été la première partie la plus judicieuse.
Ghost
Jamais une église -ici le Zénith- n’aura jamais été aussi rempli, prête pour la grande messe que va donner Ghost. Le lourd rideau noir tombe et les silhouettes des nombreuses Nameless Ghouls apparaissent. On aperçoit le décor grandiose, une grande cathédrale blanche jusqu’aux vitraux s’étendant jusqu’en haut du Zénith. Au milieu, un grand escalier, qui permettra aux musiciens d’évoluer dans l’espace et qui seront nettement mis en avant contrairement aux tournées précédentes. La cérémonie va commencer, Tobias Forge, dans son sobre costume de cardinal, arrive et lance le premier des deux actes avec « Ashes ».
Dès les premiers morceaux, on se rend vite compte que Ghost est passé à un autre niveau, rivalisant avec les plus grands, alors qu’ils n’ont que 10 ans d’existence. Les derniers concerts étaient déjà grandioses, mais on a rarement vu autant de lumière que ce soir. Papa n’a pas rendu l’argent (Cf. l’affaire qui l’entoure avec ex musiciens), mais il l’a investi dans une centaine de spots qui balayent la salle pour créer des ambiances toujours plus spectaculaires. Rien à dire, à part que c’est beau et qu’on en prend plein la vue. Le son n’a pas été oublié, la voix est bien mise en avant et on entend la totalité des instruments, de la basse au clavier. Ghost enchaîne des morceaux, tous bien connus du public. « Absolution », « Ritual », « Con Clavi Con Dio », des occasions de chanter avec le groupe. Le public ne se prive pas, largement encouragé par le leader qui multiplie les appels du pied vers les chanceux présents ce soir. Le concert est loin d’être répétitif, grâce aux lumières qui créent des ambiances très variées, mais aussi par une très bonne setlist pleine de jolies surprises. Contrairement aux tournées précédentes, ce soir, les goules font parties intégrantes du show. Les musiciens sont mis en avant et ont de belles occasions de montrer leurs talents, comme lorsque que les deux guitaristes se sont placés de part et d’autres de la scène pour s’offrir un petit duel. Sur « Miasma », c’est le vieux Papa Nihil (qui a substitué Papa Emeritus 3) qui, tout de blanc vêtu, est venu offrir un petit morceau de saxophone très ‘’Springteenien’’. Suivi par le très doux « Jigolo Har Megiddo », en acoustique. Ghost ne laisse aucun moment de répit. Les morceaux du nouvel album, malgré leurs accents plus pop, s’intègrent parfaitement aux anciens. Le premier acte se finit sur « Life Eternal », pour moi le meilleur morceau du dernier album. Une voix annonce un entracte de 15 minutes. Etonnant. Pas de quoi aller se servir une bière, il est impossible de bouger tant la fosse est compacte. Après une longue intro, Ghost revient pour de nouveau 1h30 de concert. La setlist est tout aussi propre, avec de l’ultra-efficace comme the « From the Pinnacle to the Pit » et des raretés du nouvel album comme « Faith ».Côté spectacle, Tobias change encore de tenue pour un habit de cardinal rouge. On le sent très à l’aise dans son personnage. Peut-être le fait de s’être libéré de celui du pape très sérieux. Le leader est maintenant beaucoup plus en contact avec le public. Il parle beaucoup, s’amuse, et ça fait plaisir à voir, au risque de choquer les puristes.
On continue avec « Year Zero » et ses Hail Satan repris en chœur devant un mur de flammes, puis « He Is » chanté par les milliers de spectateurs. Avec « Mummy Dust », les billets à l’effigie du groupe pleuvent. La fin du concert commence à se faire sentir. C’est l’heure de la cover « If You Have Ghosts », interrompu par une longue, voir interminable présentation des musiciens. Le deuxième set s’achève sur « Dance Macabre » et « Square Hammer ». Comme d’habitude, on sait qu’un concert de Ghost ne se finira pas sans l’incontournable « Monstrance Clock ». Alors le public attend, criant le nom du groupe. Tobias revient pour lancer un ironique “Vous foutez quoi ? Allez, j’ai essayé de vous dire de partir, bonne soirée.”
Comme prévu, le groupe revient. C’est le moment pour les, rappelons le, 7000 spectateurs du Zénith de chanter une dernière fois avec le groupe. Au début du concert, on se disait que les 2h45 annoncées n’étaient pas nécessaires. Parfois, il vaut mieux faire un bon set de 90 minutes qu’un show à rallonge et ennuyant. On doit bien avouer qu’on s’est trompé. Ghost n’a pas lâché le public pendant trois heures, offrant le meilleur de sa musique et une magnifique scénographie.
On apprécie de voir les goules vraiment mises en avant et Tobias sortir un peu de son personnage. Le groupe s’en trouve renforcé. Quant à Prequelle, le nouvel album semble ravir la majorité des-jeunes- fans, aux même titres que les titres plus anciens. Après ce concert, on ne peut que se demander quelle sera la prochaine étape de Ghost. Un Bercy, un album encore plus éloigné du metal de base… On a déjà hâte d’y être.
Texte : Benjamin WOZNIAK
Photos : Manu Wino
Setlist :
Set 1
Klara stjärnor (Jan Johansson song)
Miserere Mei, Deus(Gregorio Allegri song)
Ashes
Rats
Absolution
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Devil Church
Cirice
Miasma( Papa Nihil on saxophone)
Jigolo Har Megiddo (acoustic)
Pro Memoria
Witch Image
Life Eternal
Set 2 :
Masked Ball
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Majesty
Satan Prayer
Faith
Year Zero
Spöksonat
He Is
Mummy Dust
If You Have Ghosts (Roky Erickson cover)
Dance Macabre
Square Hammer
Encore :
Monstrance Clock
The Host of Seraphim (Dead Can Dance song)