Ce serait Chris ! Merveilleux ou merveilleuse disons sublime cela se passe de genre. Ni homme, ni femme, ni humaine, ni inhumaine… chaleur humaine de l’artiste et de ses reines qu’elle tient de main de maître.

Elle brise les codes scéniques rien que par la couleur de ses costumes d’un camaïeu allant du marron au rouge pourpre se mêlant au fond de scène noir, une atmosphère industrielle, l’on pourrait se croire sur une superstructure d’un chantier naval. On s’imagine surtout dans la première scène de West Side Story où les Jets et les Sharks se jaugent aux claquements de doigts et autres slides. Chris s’élance avec les Queens félinité assumée, Christine danse.

Les pantalons sont salis aux genoux et les sneakers rebondissent. La chemise est dix fois trop grande pour l’androgyne qu’importe, on peut la tomber, « it’s a safe space ». En d’autres termes « chacun peut être qui il veut ici »…

« I’ve got 5 on it » retentit et c’est son dos qui se contorsionne. La lumière s’habille d’une gélatine rouge, chaleur d’un corps qui se contracte et se relâche, tension musculaire d’un dos en transformation, allégorie de la métamorphose. Chris nous interprète son lac des cygnes.  Ni l’un ni l’autre ou l’un ou l’autre Chris ou Christine se batte(nt) et s’affronte(nt) dans ce dos en mouvement. L’une est l’un et l’un est l’autre…

Plus tôt dans la soirée et pour échauffer nos corps et nos cœurs c’est Caravan Palace tout en timidité qui s’y est collé. La chanteuse sobrement habillée d’une combi verte pastelle tout en sagesse joue aux ingénues. « Jolie coquine » s’exprime de sa voix, de ses yeux, de ses sourires gracieux. Le saxo vibre et nous emporte dans ce jazz manouche électrifié et mieux qu’un défibrillateur accélère les battements de nos cœurs… Complicité et bonne humeur sur scène, on aurait peut-être aimé un peu de paillettes !

Les paillettes c’est Lizzo qui nous les a lancées. Juste à son corps, corps ajusté aux rondeurs de sa voix, elle possède la scène de ses courbes puissantes. Elle n’est pas seule, elle s’accompagne de danseuses généreuses et énergiques. On revoit les clips de Beyoncé aux justaucorps sensuels et échancrés. On y retrouve toutes les composantes des shows des pop stars américaines. Des Shimmy shake, des booty shake, du twerk dans ses moves la diva de la green room s’offre au public et le public lui répond. Il y a du Prince dans ses samples, du Francklin dans sa voix et du Missy dans son flow. Assurée et confiante rien ne peut l’arrêter.

Angèle, encore bébé câline et fofolle l’an passé sur un autre festival nordiste, cette année bébé de scène a bien grandi. Le show est chorégraphié et s’est professionnalisé, les Victoires de la musique sont passées par là ! Et tant mieux !  Petit instant larme à l’œil, elle reprend avec douceur le « t’es beau » de Pauline Croze… bébé amoureux ?

Et Il y avait les autres aussi…  Damso un autre belge, moins convaincue ! Gavin James un autre artiste découvert sur le net, plutôt mainstream mais qui fait bien le job ! Les rappeurs en carton un autre déménageur nordiste et ça déménage pas mal sur scène.

Insane in the brain… folle dans mon cerveau… ! Folie pure que d’assister au set du vieux crew pour un bon cru. 1986 naissance du groupe, je tenais à peine en équilibre. 2019, le public non plus à ces heures-là !  Que du bon son, que du bon rythme, du old school scratch comme on en fait plus ! Mais commme Cypress Hill en fait encore! Belle surprise dans cette programmation, merci Mainsquare !

Texte: Sophie DESREUMAUX et le regard complice de David Hasteda

Photo: Sophie DESREUMAUX